mardi 10 septembre 2024

20 - Tristesse du printemps

Certes le printemps est un papillon frais, clair et aérien qui surprend notre monde par un beau matin d'avril.
 
Cependant son herbe neuve, sa brise bleue et son azur sans heurt ont sur moi des effets maussades.
 
Sa légèreté de vase fragile me pèse comme une enclume.

Jamais rien de notable ne se passe dans la verdure qui pousse bêtement, platement, dans les langueurs du temps qui se fige au beau fixe.
 
Et j'ai envie de briser son silence d'ennui d'un souffle de vie plein de fracas ! Comme si je donnais un coup de talon dans une fourmilière de molles habitudes qui commencent à s'installer.
 
Pour un tempérament comme le mien, rien ne vaut la brûlure de l'hiver, les éclats tranchants de l'automne, les ténèbres fécondes des nuits d'orages et les glaces revigorantes de février !
 
Au lieu de cette lavasse vernale annonciatrice d'interminables champs de navets, de salades assaisonnées d'insipides fadaises et autres promesses de tièdes platitudes...

Moi je veux le tonnerre du destin et le hurlement des arbres déracinés, des déluges de braise et des luges de lumières, des neiges de plomb dans le cou et des froids solaires dans le coeur, des vents de mort polaire au-dessus de ma tête et des prairies couvertes de givre dans mon âme, des sommets acérés et des gouffres enflammés, des marches forcées avec des bottes de loup et des vols planés de vautour !

Pour progresser sur mon chemin de gloire, je désire sentir sur mes épaules le fardeau des jours plus lourds que vos rêves trop fades, vous les amoureux des marguerites qui cherchez des asiles de bovidés et des lits de mousse pour vos repos de légumes...

Contrairement à vous, je souhaite porter le poids inutile de la glaise qui colle à mes semelles et endurer la pointe des cailloux entre mes orteils. Loin des torpeurs germinales, j'aime par-dessus tout récolter la boue des fossés et me délecter des eaux vivifiantes, amères et douces, tombées dans des puits oubliés.

Je respire l'air électrique, m'abreuve de flots épiques, palpite dans les rigueurs climatiques.

Bref, il n'y a que l'intempérie qui vaille pour me faire frissonner de bonheur !

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