mardi 10 septembre 2024

23 - Les cailloux

Ils sont les miettes de la Terre, les scories des millénaires, les postillons de la planète qui parle avec ses mots de tonnerre et de feu.
 
Les cailloux ne valent rien aux yeux de ceux qui ne les voient plus : insignifiants sous leurs pas indifférents, invisibles pour leur monde où triomphe l'apparence.
 
Ternes et inopportuns, inutiles et sans intérêt pour le mortel raisonnable et bien éduqué, au contraire ce sont pour moi des trésors d'unicité, une inépuisable source de curiosité.
 
Pareils à une infinité de physionomies diverses et changeantes, façonnés par des forces en action, fruits d'aléas multiples, variés, jamais semblables, surgis des profondeurs de l'Univers et des mille horizons du globe, ces visages de pierre sont autant de preuves de patience et d'humilité au ras du sol.
 
Chacun d'eux est une histoire sans fin commencée dans la nuit des temps.
 
Tous différents les uns des autres par leurs formes, leurs voyages, leur sort, ils racontent l'aventure des siècles, la folie du Cosmos, la merveille qu'est la Création où à l'échelle du miracle l'or est égal à la poussière et la vie de la puce a le même poids que celle de l'éléphant.
 
Je regarde la caillasse avec tendresse et étonnement.

J'aime ramasser les morceaux de rocaille et les faire rouler entre mes doigts. Je suis sensible aux aspects baroques de ces figures telluriennes, attentif à ces profils rugueux d'immortels inanimés, caressant à l'égard de ces faces dures, anguleuses, renfermant la mémoire des âges perdus.

Je les étreins avec déférence, les observe jusque dans leurs moindres détails, conscient de leur odyssée. Je sais que ces choses dérisoires ont traversé des océans de passé, des immensités sans nom...

Et j'écoute leur silence.

Comme si l'éternité murmurait au creux de ma main.

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