mardi 10 septembre 2024

41 - L'air de terre

En ce mois d’août où naissent ces mots, tandis que je ruisselle sous la touffeur, je vais vous parler d’endives, d’hiver, de grêle et plus particulièrement du mois de février car là sont mes ailes, là vole mon âme, là s’ouvrent et vos oreilles pour m’entendre pleuvoir, et vos coeurs asséchés par l’été pour me lire avec fruit...

Oui, je rêve invariablement de chicons couverts de givre, d’averses de glace cinglante, mais aussi de la lumière bleue, froide, argentée, aiguë des jours de février.

Ma nature est ainsi faite que je ne vibre véritablement qu’à la saison des giboulées, ne prends racine que dans la neige fondue, ne m’allume que sous le grésil, ne brûle de vie, d’amour et de joie que les pieds pataugeant dans l’onde molle et glacée des temps de dégels...

Vous qui buvez avec délices ces mots suprêmes et vous qui avalez de force ces glaçons tranchants, apprenez que je me chauffe de froidures où brille ma conscience, me réjouis du verglas où se reflète mon esprit, m’enchante de l’eau glaciale qui enflamme mon être...

Je suis un frisson esthétique né pour étinceler entre janvier et mars, un feu blanc d’âpre pureté fait pour se fondre dans les flots et déluges des froideurs brumales se changeant en coulées germinales.

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