Ca y est ! J'ai abandonné ma vie de citadin pour m'installer dans un trou, loin de tout, au fond d'une forêt.
Je suis à présent entouré de broussailles et je deviens l'égal des herbes et des arbres, au centre de nulle part, en un lieu d'oubli, juste sous l'immensité du ciel.
Avec quelques oiseaux pour seuls visiteurs, le vent pour naturelle ambiance et le temps infini devant moi.
Et, peut-être aussi, la lourdeur de l'ennui pour mes longues heures de léthargie à venir... Mais ce sera le prix de la paix, la contre-partie de cet exil vers l'essentiel, le plomb nécessaire à ma légèreté retrouvée.
Mais aujourd'hui, plus aucun matériel ne me pèse. J'ai laissé derrière moi les artifices de la civilisation. Désormais je n'ai besoin que d'air et de verdure, de cailloux et de nuages, d'aubes glacées et de crépuscules funèbres, ces joies âpres faites pour les âmes aguerries.
Et pour m'envoler dans ma nouvelle existence de marbre, je m'enivre sans mesure de solitude. Et de rien d'autre. L'isolement, ce cloître intérieur qui généralement constitue une source d'angoisse et de déprime pour le monde... Mais qui, ici, prend une valeur inestimable. C'est mon bien le plus précieux, mon trésor d'ermite, mon refuge d'aigle frugal.
Il ne me reste qu'à faire un feu et méditer.
Mes compagnies ne sont plus les mêmes. A la place des hommes, les bois. En guise de présences, les ombres des branches. Pour remplacer le bavardage, le choc de la hache, le chant de la flamme, l'éclat de mes pensées.
Et un confort de bête pour dernier luxe.
Et là, près de ma cabane, devant la braise qui se mêle à la cendre, j'adresse mes sobres mots à l'invisible en attendant que la nuit recouvre mon toit végétal de son voile suprême et le fasse disparaître tout-à-fait aux yeux de tous.
Demain matin je me réveillerai sous la lumière neuve de mon asile de rat heureux.
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