mardi 10 septembre 2024

82 - Terrae incognitae

Dernièrement j'ai emprunté les petites routes champêtres plutôt que les itinéraires principaux pour aller à Paris. J'ai choisi les tracés blancs sur la carte au 1/50 000 au lieu des rouges, où chaque ferme isolée est répertoriée. Je suis allé à la rencontre de la province profonde, paisible, inconnue des citadins, un peu mystérieuse.

De charmantes chapelles perdues dans la campagne ponctuaient mon chemin. Je suis entré dans l'une d'entre elles pour me rafraîchir et me recueillir. La canicule est moins désagréable dans l'herbe et la fraîcheur des sous-bois que dans le béton de la banlieue parisienne. Je me suis mis à détester encore plus la capitale et sa sombre périphérie lors de cette excursion bucolique.

Nul besoin de s'exiler à l'autre bout du monde pour trouver le dépaysement : il est à nos portes. Il suffit de s'écarter des grands axes routiers, de pénétrer dans le coeur du pays via ses voies vicinales. L'estivant moyen ne sait pas : il part dans le sud chercher du soleil stéréotypé et des loisirs falsifiés alors qu'à deux pas de chez lui sont cachées les vraies richesses de l'hexagone. Il suffit juste de savoir regarder.

Au fil de ces étapes j'ai croisé maintes églises admirables, entourées de champs et de pâturages. Humbles, historiques, pittoresques, elles m'ont laissé un goût de bonheur simple et authentique. Moi-même issu de terres reculées, j'ignorais qu'il pût exister de semblables endroits épargnés par la civilisation urbaine. Ces modestes villages forment une véritable mosaïque d'Arcadies. Précisément, ces choses qu'on ne remarque pas, en consultant la mappemonde, sont les plus précieuses.

Autrefois on appelait les coins encore inexplorés de la planète "terrae incognitae".

On pourrait dire que ces espaces verts que j'ai traversés sont les zones blanches du tourisme de masse. Ces parties vides sur le plan dépliant sont en réalité de véritables trésors. Préservés de la bêtise des vacanciers. Le touriste de base ne voit aucun intérêt à explorer ces profondeurs rurales : trop proches de chez lui, pas assez exotiques à son goût. Dieu merci, cette belle France est boudée par ces idiots en shorts !

J'ai l'intention de retourner m'égarer dans ces royaumes de verdure aux mille clochers, dans ces lieux bénis où tout est "terra incognita".

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