mardi 10 septembre 2024

58 - Dimanche d'arrière-pays

Léthargie dominicale à Sillé-le-Guillaume !
 
Depuis le cimetière jusqu’aux tables des salles à manger avec leurs nappes couvertes de miettes en passant par la place centrale jouxtant le presbytère, tout suinte l’honnêteté ennuyeuse dans cette cité du fin fond de la province figée dans un siècle révolu.
 
Le repas de midi s’étire en fonds de verres de cidre tiédi suivis de siestes informelles... Paralysée par la torpeur estivale et intellectuelle, la ville peuplée de cerveaux pareils à des limaces bave d’imbécile auto satisfaction. Toute l’année le bourg ronfle en silence. En toutes saisons la ouate de la paresse cérébrale tombe mollement sur les toits pour y givrer les esprits.
 
A 35 kilomètres de là le Mans est un autre pays, Paname une planète inconnue, la Lune une voisine familière.
 
Quant à l’Amérique, c’est un impensable horizon. L’inconcevable univers, abstrait, plus terrifiant que la capitale de la France... Un trou noir.
 
La “réalité vraie” en ce lieu pétri de certitudes locales ne dépasse pas les bornes de la... localité !
 
A Sillé-le-Guillaume on voyage en faisant du sur-place. Les plus téméraires enfourchent leur vélo. On se méfie du TGV passant sur la commune. Le Paris-Rennes est un tonnerre d’acier qui zèbre dix fois par jour l’espace sonore du centre-ville sans jamais parvenir à entamer la masse molle intérieure de ses habitants : ici les mollusques sont paradoxalement insensibles aux fers les plus durs de la modernité.
 
La redoutable inertie de Sillé-le-Guillaume a systématiquement triomphé des fureurs citadines. La gélatine silléenne est l’ennemie séculaire, invincible du métal parisien. La pensée flasque de cette contrée d’un autre temps a toujours vaillamment résisté aux attaques acides des mondains. Vaine fierté de sous-préfecture...
 
Enfin, les hiboux de la forêt domaniale coiffant l’agglomération sont les seuls étrangers traditionnels de Sillé-le-Guillaume. Les autres, ce sont de véritables bêtes curieuses parlant hollandais, allemand et anglais que l’on tolère pour la bonne raison qu’ils font du camping payant sur les bords du lac.
 
A Sillé-le-Guillaume on végète dans un âge ingrat mais on a un sacré sens crotté des affaires !
 
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