lundi 23 décembre 2024

101 - Nuit de vents

Le soir tombe comme une promesse de malheur sur ma demeure isolée.
 
J'entends la tourmente qui se lève : je sais qu'elle formera bientôt un océan de fracas et de pleurs sur le monde. Je m'enferme bien vite dans ma maison car la tempête frappe déjà à ma porte.
 
De la céleste obscurité s'abattent des flots d'effroi, des averses de misère et des tonneaux de mauvais rêves. Ces lourdes vagues roulent sur les tuiles, faisant gronder le toit et déborder les gouttières. Et loin sur les terres se répandent des hurlements éoliens.
 
A l'abri entre les murs épais de mon vieux logis, je frémis en me recroquevillant devant l'âtre. Dehors, c'est un déluge de peur, de froid et de chaos !
 
J'ai l'impression de n'être plus qu'un naufragé statique dans un phare aux prises avec l'intempérie, une lanterne vacillante au sommet d'une falaise balayée par la bourrasque, une chandelle dans un sémaphore giflé par les ailes noires de je ne sais quels dragons nautiques...
 
Autour de moi la forêt gémit, des troncs sont fracassés, des branches pulvérisées, des spectres brisés. Des ombres vastes et profondes s'affrontent dans les nues. Et du haut de ces sombres altitudes dégringolent les os de la nuit mêlés aux eaux en furie.
 
Les squelettes du ciel se disloquent sur le sol.
 
Et moi pendant ce temps, toujours réfugié auprès de ma flamme, gagné par le sommeil, je somnole, bercé par le doux tapage des éléments. Je demeure ainsi une heure à voyager entre fantasmes et réalité dans ma semi-léthargie, au pied de mon foyer crépitant et peuplé de fantômes.
 
Puis, averti de l'heure tardive par les dernières étincelles de ma cheminée, je pars me coucher, tandis qu'à l'extérieur des clameurs inquiétantes hantent les ténèbres.
 
Au petit matin en ouvrant mes volets je découvre un paysage ravagé mais redevenu paisible, éclairé par un soleil printanier.
 
L'aube divine rayonne sur le terrain jonché des cadavres de l'orage.
 
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