Lassé de mes molles habitudes aux heures indolentes du coucher, je quitte
mes quatre murs sages pour quelques nuitées de folle aventure au contact des
âpres éléments. Je pars chercher le sommeil dans les profondeurs d'un monde
brut, dense et fébrile.
Je troque les draps proprets et amidonnés de mon lit contre
l'oreiller d'humus et la couverture d'étoiles qui siéent aux hiboux de mon
espèce.
Je préfère le rêche coussin de la nature et la glaciale étoffe du firmament
aux tiédeurs de ces chambres qui ressemblent à de mornes caveaux
Les rêves faits directement sous la nue, tandis que l'on est entouré de la
faune et de la flore, me semblent plus palpables, moins lointains, bien plus
vifs que ceux émanant d'une alcôve feutrée au silence mortel.
Moi, pour bien dormir, j'ai besoin de me sentir bercé par le vent de l'inconnu, bousculé par les fantômes du dehors, mordu par les crocs de la nuit,
loin de l'ennui des matelas rembourrés de soporifique quiétude !
Je me repose dans les flammes de l'insécurité, au milieu des flaques
d'obscurité, entre les crépuscules qui provoquent les frissons de la peau et les
ténèbres qui incitent au voyage de l'esprit. C'est là, au coeur des nocturnes
périls, que je deviens aussi léger qu'un papillon, entre ciel et
cauchemars.
Etendu dans l'herbe, à même la terre ou bien sur des branchages, peu à peu
je perds de vue le sol, le poids de la réalité, les lourdeurs du présent. Et,
conscient de l'immensité stellaire au-dessus de ma tête, je m'envole en fermant
les yeux.
Alors l'horizon se remplit de songes, rien que pour moi.
Un oiseau aux plumes d'ombre et de feu m'emporte.
Juché sur le dos de ce magistral monstre ailé, je parcours de nouveaux
espaces, m'égare dans les hauteurs d'une léthargie sauvage et belle, peuplée de
pensées de roc, hors du confort de mon toit quotidien...
Je suis comme une bête livrée à ses instincts.
Libre et lumineux.
Et, à l'aube, je me réveille sous la gifle humide de la rosée, tel un faune
échevelé émergeant d'un vaste univers onirique, étourdi par un mauvais
repos.
Fatigué mais heureux.
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